Les Guyanais-es méritent mieux qu’une escale de 24h

Le Président Emmanuel Macron est en Guyane, ce lundi 25 mars, pour une visite express de 24h. De retour d’un séjour de 5 jours en Guyane, Marine Tondelier, Secrétaire nationale Les Écologistes l’interpelle.

« Monsieur le Président, les Guyanaises et Guyanais méritent mieux qu’une escale de 24h.

Ce que j’ai vu cette semaine en Guyane m’a profondément choquée et mise en colère. Accès à la santé, aux services publics, à l’école, à l’eau potable, aux infrastructures, etc. Monsieur le Président, je vous le dis sans détours : la République  a oublié les Guyanaises et les Guyanais.

Monsieur le Président, nos concitoyen·nes de Guyane méritent que vous preniez le temps sur les sujets prioritaires : la souveraineté alimentaire, l’accès aux services publics, l’accès à l’eau potable, l’autosuffisance énergétique, la lutte contre l’orpaillage illégal, la lutte contre l’accaparement des ressources incroyables de la Guyane au service de quelques intérêts privés.

Je ne comprends pas que l’État continue d’investir massivement dans la prospection de Sudmine qui coûte environ 3,5 millions d’argent public (via relance France 2030). C’est une aberration environnementale mais aussi démocratique et sociale. Tous les acteurs que j’ai rencontrés ici sont contre. La DEAL, après consultation locale, a d’ailleurs émis un avis défavorable, ce qui est suffisamment rare pour être souligné. Mais « Paris » n’en a pas tenu compte et a émis un avis positif. Cela dit tellement de la considération de l’hexagone pour les acteurs guyanais…

Vous annoncez par ailleurs visiter le navire Canopée qui incarne “la volonté d’imprimer durablement l’activité spatiale à Kourou”. N’y a-t-il pas sujet plus prioritaire ? Que faites-vous des 100 000 personnes qui dépendent du même fleuve Kourou pour leur approvisionnement en eau et qui subissent les pollutions au mercure ? J’espère que vous aurez des paroles fortes à ce sujet. Je ne doute pas du fait que ce soit difficile de résoudre l’orpaillage illégal. Mais quand l’État veut, il peut.

Enfin, Monsieur le Président, changez de méthode. Ne vous contentez pas de faire semblant en descendant de l’avion, de tout savoir et mieux savoir que les gens qui vivent sur le territoire. 

Sur la réforme territoriale, ce qui ne se fait pas avec eux, se fait contre eux. Il faut convaincre et non persuader. Ce n’est pas en arrivant avec propositions pré-conçues, avec des compensations toutes faites que vous allez y arriver.

Sur la souveraineté alimentaire, soutenez les plans de filières construits par les paysan·nes et les acteurs du secteur. 

 Les Guyanais et Guyanaises ne demandent rien d’autre que l’égalité de traitement. Une égalité réelle sur les services publics. De résoudre les injustices sociales et environnementales. D'avoir accès à l’éducation, la formation, à l’enseignement supérieur. De vivre en toute sécurité. De boire une eau du robinet saine. D’avoir un accès à l’électricité 7 jours sur 7 et 365 jours par an, ce qui est loin d’être le cas tant les délestages sont légion.

Au lieu de considérer les ressortissants ultramarins comme des citoyens de seconde zone, offrons leur les mêmes conditions que ceux de la métropole.

Monsieur le Président, les Guyanais et Guyanaises méritent mieux qu’une escale : ils et elles méritent le respect et la confiance de la République. Si vous tenez tant aux territoires d’Outre-mer, daignez vous y arrêter plus longtemps que ces petites 24 heures. »

Marine Tondelier